J'arrive, sans succès... Mais peut-être rencontrerai-je mon destiné? [Erwann]

Ennui. Total ennui. Couché sur mon lit, les bras croisés derrière la tête, je fixai le plafond tandis que je me répètais ces mots sans cesse. Je ne savais pas quoi faire de ma journée, et avec Kim qui ne me lâchait plus d'une semelle dès qu'il m'apercevait, je n'osais plus flâner dans les corridors sans but précis comme je le faisais avant.

"Et si je sortais?", pensais-je à voix haute. Il ne pourrait pas me trouver ainsi. Pas que j'avais peur de lui, mais disons que je préfèrais éviter de le rencontrer puisque sa présence était désagréable. Après tout, son but premier était de me rendre la vie encore plus impossible qu'elle ne l'était déja, alors...

Je sortis donc dans les corridors, me dirigeant vers la cour. J'étais sur le point de sortir dehors lorsque j'entendis les grilles se refermer. Quelqu'un venait de sortir...ou d'entrer. Et d'après ce que je vis en sortant, c'était une nouvelle étudiante qui venait d'arriver. Pas de chance; à peine quelques pas et sa valise s'ouvrit, déversant son contenu sur le sol.

"Besoin d'aide?", demandais-je avec un sourire en coin. Normalement j'aurais simplement passé mon chemin, mais j'avais eu envie d'aller la voir, de l'aider si elle l'acceptait bien.

Comme elle venait d'accepter mon aide, je posai un genoux par terre et commençai à ramasser ce qui me tombait sous la main. Pour la plupart des vêtements, des chandails et des pantalons, je finis par tomber sur un sous-vêtement. J'étais un jeune homme et même si draguer n'était pas mon objectif ces derniers temps, je ne pus m'empêcher de passer un commentaire.

"Joli.", dis-je seulement en tenant le soutien-gorge entre mes doigts. Bien sûr, je ne faisais que plaisanter, quoiqu'il y avait quand même un fond de vérité derrière mes paroles.

"Alors, nouvelle à ce que je vois?", demandais-je. Si elle avait une valise, alors c'était certain qu'elle était nouvelle. Je me demandais si l'Université lui avait déja confié un destiné. Selon la direction, ces personnes nous étaient rattachées et étaient celles qui devaient nous rendre heureux. Je n'en avais pas encore. Surement n'y avait-il personne qui convenait à ma personnalité? De toute façon, je doutais des propos des gens hauts placés de l'Université; ce ne serait pas en m'imposant quelqu'un qu'ils réussiraient à faire mon bonheur.

Elle parlait anglais. Elle avait un accent qui montrait bien qu'elle avait du mal avec la prononciation de certains mots. Un peu comme moi lorsque j'étais arrivé ici quatre mois auparavant. J'avais parfois un accent qui revenait, mais comme je parlais français et anglais sans accents, vu les origines de mes parents, j'avais une bonne habilité à maîtriser les langues.

- Vous ne connaissiez pas un ... Erwann?

Hmm..? Erwann, c'était moi. Et à ma connaissance, j'étais le seul dans toute l'Université à porter ce prénom.

"Erwann Lord?", demandais-je, pour être sûr. Qui sait, avec la façon qu'elle l'avait prononcer, peut-être avais-je seulement mal saisi le nom? Pourtant, cela ressemblait bien à Erwann.

Et de toute façon, si c'était bien moi qu'elle cherchait, qu'elle en était la raison? Je n'avais rien à voir avec elle, je ne la connaissais pas, ni de vue ni de paroles, puisque nous ne nous étions jamais rencontrés auparavant. À moins que je l'ai rencontrée et que je n'ai plus aucun souvenir de cet évènement? Après tout, avec tout les coups que j'avais reçus sur la tête, une partie de ma mémoire s'était peut-être envolée sans que je ne le sache. Ou bien...

Je fronçai les sourcils avant de pousser un soupir.

"Alors ils ont fini par le faire...", pensais-je tout haut, juste assez fort pour que Jean entende.

Comme ses affaires étaient toute ramassées, je l'observai de la tête aux pieds. Ils m'avaient jumelés avec elle. Et pourtant...je n'avais pas l'impression que ce serait une bonne idée. Mais bon, même si je n'étais pas très content avec cette idée, je ne voyais pas le but d'être désagréable avec elle puisque bon gré mal gré nous serions coincés ensemble jusqu'à ce que la direction veuille bien nous laisser partir.

"Je suis Erwann Lord.", dis-je en lui tendant la main. "Enfin, à moins qu'il y en ai deux ici, ce qui m'étonnerait."

Puis, je la fixai de nouveau. Elle n'avait pas l'air de comprendre ce qu'était un destiné ou quoi que se soit. D'ailleurs, moi non plus je ne savais pas dans quoi je m'embarquais lorsque j'étais arrivé ici.

"Est-ce que tu as la moindre idée de ce que tu fais ici?", demandais-je.

"C'est ce que je pensais.", dis-je lorsqu'elle affirma ne pas savoir ce qu'elle faisait ici.Comme la plupart des gens lorsqu'ils arrivaient. J'espèrais que sa réaction face à ce que j'allais lui apprendre ne serait pas trop violente.

"Bienvenu à Sapienza, l'Université pour tous les malheureux qui ne savent plus quoi faire de leur vie. Une fois ici, la direction te jumelle avec quelqu'un qui est censé faire ton bonheur. Et tant que tu ne sera pas heureuse, tu seras coincée ici ma belle.", dis-je, mi-sérieux, mi-ironique.

Si elle pensait qu'il s'agissait d'une école ou des gosses de riches avec les poches pleines et des notes à faire baver étaient ici, elle se mettait le doigt dans l'oeil. Bon, il y avait toujours les Kings & Queens, mais franchement il ne valait même pas le peine de parler d'eux.

"Et apparement, tu seras coincée...avec moi.", terminais-je. Je n'avais pas encore eu de destiné. Même si je savais que j'en espèrais un au plus profond de moi, je n'aimais pas vraiment l'idée qu'ils imposent une personne en disant qu'elle ferait mon bonheur. Je voulais comprendre comment ils faisaient, quel était ce système et surtout qui était derrière tout ça, mais lorsque je croyais être prêt du but, je me retrouvais devant un cul-de-sac et je devais retourner au point de départ.

- Donc moi, moi je suis censée te rendre heureux... Et toi, tu es censé me rendre heureuse? Sinon on part pas d'ici?

*Elle comprend vite on dirait.*, pensais-je. Et elle n'aimait pas ce que je venais de dire non plus d'après ce que je lisais dans son regard. Si ses yeux avaient été une arme, elle m'aurait tuer sur place.

"Jackpot.", répondis-je. "Et ce n'est pas tout, même si l'on de nous est heureux, il ne peut partir avant que l'autre ne le soit aussi."

Donc, si l'un de nous refusait, s'en était fini de l'autre. Un contrat était signé, et de mon côté, j'allais vivre un enfer durant les prochaines années. Je croyais que je ne pouvais pas aller dans un pire endroit qu'avant. Et pourtant...je n'avais pas l'habitude de me laisser marcher sur les pieds, j'étais plutôt bagarreur en ce qui concernait "mon territoire" et je devais tout de même avouer que d'être le nouveau joujou d'un "roi" de l'école était encore pire que ma situation d'avant.

J'entendis des bruits venant de l'entrée de l'école. Sans doute des étudiants qui arrivaient pour pouvoir aller faire un tour en ville comme je m'apprêtais à le faire avant de rencontrer Jean.

- Je viens à peine d'arriver et on me fais déjà envie de tourner sur mes talons, je pense que le truc que j'ai signé est un contrat bien évidement?

J'aquiescai à sa question.

- Tu es là depuis longtemps, et pourquoi c'est avec moi qui tu as été relié? Puis je sens que ce n'est pas le bonheur ici bien évidement....?

Ça...je n'en avais pas la moindre idée.

"Je suis ici depuis quatre mois. Quant aux raisons pour lesquelles j'ai été relié avec toi, c'est sans doute parce qu'ils ont jugés que nous "allions bien ensemble".", répondis-je, ignonrant le reste de sa question. Ça, ça ne la concernait pas et je n'avais franchement pas envie de lui parler des Kings & Queens. Plus longtemps elle les éviterait, et plus longtemps elle ignorerait mes problèmes, mieux ce serait.

- Tu veux que je te laisses avec tes amis?

Les observant, je répondis, sans me retourner.; "Ce ne sont pas mes amis."

Je n'avais pas beaucoup d'amis. Seuls ceux qui réussissaient à percer mes défenses pouvaient l'être et très peu avaient réussis jusqu'à maintenant. Matsuda Rei, mon coloc' était l'un d'eux. Impossible d'y résister après tout tellement il était enjoué.

"Je dois prendre les clefs de ma chambre, tu peux me montrer ou me dire où je les prends?"

Je me tournai vers elle pour l'observer. Je savais que je ne rendais pas les choses faciles, mais c'était mon caractère et j'avais parfois bien du mal à le retenir. Je ne pouvais pas croire qu'ils m'aient mis avec quelqu'un comme elle. Comment ferait-elle pour m'endurer? En fait, peut-être était-ce justement pour cela que j'avais été jumelé avec Jean. Après un moment de silence, je finis par répondre à sa question.

"Suis-moi, je vais t'y conduire.", dis-je. Tant qu'à ne rien faire...et puis, si elle avait à croiser un de ces idiots, je préfèrais autant être là. Je n'étais pas très chaud à l'idée qu'elle soit ma destinée, mais je ne souhaitais pas non plus qu'elle vive un enfer parce qu'elle s'était mise dans le pétrin dès son premier jour.

Et pourquoi ne pas au moins faire un effort? Sans dire un mot, j'allai prendre sa valise et commençai à me diriger vers l'entrée sans l'attendre. Elle me suivrait, elle n'avait pas vraiment le choix puisque je tenais ses affaires. Nous continûames ainsi jusqu'au bureau où elle pouvait prendre les clés de sa chambre et je l'attendis adossé au mur, les mains dans les poches, l'attitude désinvolte.

J'appuyai ma tête et fermai les yeux en l'attendant. Je sentis des étudiants passer devant moi à quelques reprises, mais n'ouvrit les yeux que lorsque je sentis la présence de Jean, qui me tendait un papier avec un numéro de chambre dessus. Je le pris et le regardai un instant.

"Dortoir A.", pensais-je tout haut. Puis, je la regardai.

Sa chambre se trouvait non loin de la mienne apparement. Je lui redonnai le papier et soulevai de nouveau la valise de terre. Je repris mon chemin sans un mot. Cela ne prit que quelques minutes avant que nous arriviâmes aux dortoirs. Dortoir A, B et C. Je bifurquai vers le premier dortoir, puisque c'était là qu'était sa chambre.

Je m'arrêtai finalement devant une porte.

"Voici votre chambre, mademoiselle.", dis-je avec un petit sourire moqueur. Puis, je déposai la valise sur le sol.

"Si vous avez le moindre problème, venez cogner à ma porte.", dis-je de nouveau avec un petit sourire. Maintenant, elle n'avait plus qu'à s'installer. Je lui fit un petit signe de main et me dirigeai vers ma chambre...qui était la porte juste à côté. J'ouvris celle-ci à l'aide de ma clé et entrai sans fermer la porte derrière moi.

Durant le temps qu'elle avait prit dans sa chambre, j'avais eu le temps de prendre une douche. Puisque je n'avais rien à faire, autant aller sous le jet d'eau chaude qui me ferait peut-être du bien. J'y étais resté quinze minutes, puis je m'étais sécher, enfilant un jeans mais pas de t-shirt; j'avais oublier d'en apporter un avec moi. Je revins donc à ma chambre et laissai de nouveau la porte ouverte sans y penser. J'étais entrain de farfouiller dans mes tiroirs lorsque j'entendis des coups, annonçant un visiteur...ou une visiteuse, comme c'était le cas cette fois.

Je me tournai vers elle.;"Oui?"

Elle avait déja un problème? Ou bien voulait-elle faire connaissance? Si c'était la deuxième option, eh bien elle n'aurait qu'à peupler la conversation elle-même puisque je n'avais pas vraiment envie de parler pour le moment. En attendant qu'elle me réponde, je fini par mettre la main sur un t-shirt gris que je tendis devant moi afin de vérifier qu'il était bien propre. Je n'avais pas beaucoup de vêtements et la moitié de ceux-ci n'étaient plus vraiment en état d'être porter. C'était le genre que je portais lorsque je savais que je ne sortirais pas de ma chambre, ou alors lorsque je me décidais à faire une activité que je savais salissante.

- Tu peux m'expliquer ce qu'il y a écrit là.

Je pris l'article qu'elle me tendais, curieux. C'était un de mes traits de caractère; lorsqu'il y avait quelque chose qui attirait mon attention, j'aimas bien en savoir le plus possible sur cet élément, quite à me mettre dans le trouble si il le fallait. Je lu donc l'article. Dustbin Baby. Un bébé qui avait été trouvé dans une poubelle?! Lorsque j'eus terminer de le lire, je lui résumai en gros ce que ça disait.

"Un bébé a été trouver dans une poubelle, abandonné par une adolescente. La mère a eu besoin de soins puisque la naissance s'est mal déroulée.", commençais-je en fronçant les sourcils. "Mais...pourquoi as-tu un article comme celui-là?"

Je levai la tête vers elle après avoir prononcer ces mots. Était-ce pour un travail? Sans doute pas, elle venait d'arriver à peine une heure plus tôt, et pendant tout ce temps elle avait soit été avec moi, soit dans sa chambre. Cela m'étonnerait qu'en quinze minutes elle ait trouver le temps d'aller rencontrer l'un des professeurs et qu'il lui donne comme devoir d'analyser un article, surtout ne venant pas du pays.

Je ne connaissais pas son âge, mais je pouvais deviner quelle ne devait pas être plus âgée que moi. De plus, d'après son accent, je pouvais affirmer qu'elle n'était pas des États-Unis, mais plutôt du Royaume-Uni. Donc, en regardant la date de l'article comme elle venait de me le faire remarquer, cela ne me prit que quelques instants avant de faire le lien.

"Tu...?", commençais-je, sans terminer ma question. Il était cependant clair que je lui demandais si elle était vraiment celle qui avait été trouvée dans une poubelle. Dure façon de commencer la vie, tout de même. Au moins j'avais eu la chance de vivre quelques belles années au tout début, même si cela s'était gâté par la suite, alors qu'elle...

*Chacun à ses problèmes en arrivant ici, seulement, pour certains c'est plus récents, alors que pour d'autres ça dure depuis très longtemps.*, pensais-je. Sans doute ne devait-elle pas être très bien vue si il était inscrit dans son dossier. Je connaissais les préjugés des gens et je savais qu'ils pouvaient être pénibles pour la conscience. J'avais appris à ne plus m'en soucier, mais ce n'était pas à la capacité de tout le monde.